Ca, vous voyez, c’est une salle pour moi. La salle dite « de détente ». Pas qu’on soit tous super stressés dans cet immense manoir de notre bon bachelor célibataire. En tout cas, on ne peut pas dire qu’on soit à l’étroit. Mais c’est les caméras, la pression, la célébrité… Comment ça je me cherche des excuses ? Je l’admets, j’aime cette salle parce qu’elle a un magnifique billard en plein milieu. Et que je suis un grand artiste du billard –sans vouloir me vanter, hein.
Pour l’anecdote : la plupart du temps, quand je conduis un acteur ou un producteur dans la baraque d’un autre acteur ou producteur, ce gars (ou cette nana, pas de sexisme n’est-ce pas) a souvent un billard dans son salon. Et qu’est-ce que moi, bon petit chauffeur, je peux faire pour m’occuper en attendant le retour de mon bon maître ? Faute d’être un chien et de pouvoir allègrement me refaire une beauté génitale sur le canapé en vison, je me perfectionne au billard. Bref, des années d’entraînement à mon compteur.
En ce bon mercredi d’après-prime, après une longue grasse matinée, je me dirige tout naturellement vers la salle de détente et je m’empare sans hésitation d’une queue de billard. Je laisse mes doigts frôler la surface en bois sculptée de cette œuvre d’ébénisterie avec une telle euphorie que j’en changerais de caleçon comme un garçon qui voit un soutif pour la première fois. Là, enfin, je me penche sur la table comme si un rail de coke m’y attendait, et donne un coup sur la première boule. Toutes les billes de couleurs partent de part et d’autre de la surface verte.
« AAAAAAAAAAAH ! »
Ca, c’est moi qui crie comme une fillette.
A fond dans mon trip d’adorateur des billards, je n’avais pas entendu arriver une des candidates. Au physique de candidate à vrai dire. C’est grand, c’est majoritairement composé de jambes et c’est blond. « Je voulais dire SAAAAAAAAAAAAAAAAAAH-LUuuuuuuuuuut… »
Non, tais-toi Pal’. Pour le bien de l’humanité.
« Euh… Tu joues ? »
Je suis les joues rouge écrevisses de Jack. (Oh, wait.)